"Le défi de l’Union européenne n’est peut-être plus comme en 1945 celui de la paix des nations, mais de faire face à cet épouvantail de la dette qui menace d’appauvrir et de diviser autrement les peuples" écrit Nathalie Sarthou-Lajus (*) dans son éditorial du numéro d'avril 2015 de la revue Études. Et de rappeler la "dimension polysémique de la dette". "Etre en dette, poursuit-elle, signifie devoir de l'argent, mais recouvre également une signification sociale et morale.". Elle ajoute :
Aucune nation ne peut agir de manière unilatérale pour sortir de la crise des dettes. La reconnaissance d’une dette mutuelle renvoie à une interdépendance des nations européennes qui engage une responsabilité politique commune, une mutualisation des efforts et justifie un comportement plus coopératif, par exemple une meilleure coordination fiscale dans la zone euro pour lutter contre la corruption et les inégalités.
La logique financière dominante a considérablement affaibli le sens symbolique de la dette : « ce que nous nous devons les uns aux autres », pourtant au fondement de l’héritage politique et culturel européen. Revaloriser cette dette symbolique, c’est privilégier ce qui lie les citoyens d’Europe entre eux, ce qui fait qu’ils forment une communauté, qu’ils partagent une histoire, des droits et des devoirs réciproques
(*) Nathalie Sarthou-Lajus, philosophe, et l'auteur de Éloge de la dette, PUF, 2012.
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