samedi 4 avril 2015

Claude Lévi-Strauss, quel structuralisme ?


Le structuralisme de Claude Lévi-Strauss n'est pas facile à appréhender, et pourtant la méthode apporte un renouvellement décisif en ethnologie et en anthropologie.

Maurice Godelier, collaborateur puis successeur en quelque sorte de Claude Lévi-Strauss, explique qu'elle ne fait pas l'objet d'une description cohériente et ordonnée : qu'on ne peut s'en faire une idée qu'à travers nombre de textes et d'analyses. Limitons-nous ici pour notre part à quelques notations.

Structure et linguistique : l'apport de de Saussure et ses successeurs


Dans "La Notion de structure en ethnologie" (1952) qui se présente, notre Maurice Godelier (*), comme le "second manifeste du structuralisme", après un grand article de 1945 publié en anglais, on trouve cette affirmation de principe :
Le principe fondamental est que la notion de structure sociale ne se rapporte pas à la réalité empirique mais aux modèles construits d'après celle-ci. Les relations sociales sont la matière première employée pour la construction des modèles qui rendent manifestes les structures elles-mêmes.[Anthropologie structurale, p.305]
Il s'agit donc bien d'épistémologie, souligne Maurice Godelier, et non d'anthropologie. Mais qu'en serait-il d'un ordre des ordres, d'une structuration générale des structures ? La distinction que fait Karl Marx entre structure et superstructure permettrait-elle d'apercevoir la solution de cette question ?

Structure et superstructure : l'apport de Marx et Engels


Quoi qu'il en soit, lorsqu'en 1955 Claude Lévi-Strauss adresse une lettre à La Nouvelle Critique pour protester contre la lecture réductrice que fait Maxime Rodinson de ses travaux, il est bien conscient d'une proximité avec le marxisme qu'il exprime ainsi :
J'essaie de réintégrer dans le courant marxiste les acquisitions ethnologiques de ces cinquante dernières années. [... Mes] deux études consacrées à des tribus brésiliennes [...] sont des tentatives d'interprétation des structures indigènes fondées sur le matérialisme dialectique...
Claude Lévi-Strauss ne cessera d'affirmer désormais que son travail consiste à mettre au jour les infrastructures, comme le conseillait Engels, dans le but d'interpréter correctement les superstructures.


Reposant sur l'échange, la société est structurée comme un langage


Ce qu'il faut comprendre donc, selon Maurice Godelier, c'est que grâce à la méthode structurale, Claude Lévi-Strauss minore l'importance du comparatisme : mettre chaque phénomène observé à sa juste place dans un ensemble est plus important que tâcher d'en récolter une grande variété, sans parler de l'impossible exhaustivité.

Pour Claude Lévi-Strauss, résume encore Maurice Godelier, la culture fonctionne comme un langage, "système formel de signes" . C'est qu'en effet la société est un vaste système, complexe, de communication, qui repose sur l'échange.
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(*) Maurice Godelier, Lévi-Strauss, Seuil, 2013. Présentation de l'éditeur : Lien
  • Écouter Maurice Godelier sur France Culture à propos de son livre, audio 30 mn : Lien

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