Quant à comprendre comment le contexte de l'après-guerre rapproche philosophie et politique, de quelle manière poser la question ?
- Faudrait-il évoquer la faillite des grandes idéologies nationales, celle de l'utopie kantienne d'un gouvernement mondial ? L'apparition soudaine dans le IIIe Reich d'une figure noire de l'Empire, célébré jusque là dans le glorieux modèle alexandrin, romain, révolutionnaire napoléonien - pour finir dans l'Empire colonial ? L'incapacité des plus grandes universités d'Europe, qui n'a d'égale que celle des grandes institutions religieuses, à opposer aux énergies nationales la force de l'esprit ?
- Ou ne faudrait-il pas plutôt penser au creuset de la Résistance, où finalement les conduites authentiquement héroïques ont dépendu de motivations individuelles profondément remâchées, incorporées, cad en définitive de philosophies implicites mais "englobantes", pour parler comme Jaspers, et extrêmement diverses ?
Cela conduirait à se demander si, en définitive, ce n'est pas le redoublement des turpitudes de la guerre (1914-1918 => 1939-1945) qui rend définitivement inévitable un changement des paradigmes, et le mouvement de la philosophie vers l'action politique ?