lundi 2 juin 2014

Philosophie et politique, le moment de l'après-guerre (2)

@ Elise Lamy-Rested.

Quant à comprendre comment le contexte de l'après-guerre rapproche philosophie et politique, de quelle manière poser la question ?
  • Faudrait-il évoquer la faillite des grandes idéologies nationales, celle de l'utopie kantienne d'un gouvernement mondial ? L'apparition soudaine dans le IIIe Reich d'une figure noire de l'Empire, célébré jusque là dans le glorieux modèle alexandrin, romain, révolutionnaire napoléonien - pour finir dans l'Empire colonial ? L'incapacité des plus grandes universités d'Europe, qui n'a d'égale que celle des grandes institutions religieuses, à opposer aux énergies nationales la force de l'esprit ?
  • Ou ne faudrait-il pas plutôt penser au creuset de la Résistance, où finalement les conduites authentiquement héroïques ont dépendu de motivations individuelles profondément remâchées, incorporées, cad en définitive de philosophies implicites mais "englobantes", pour parler comme Jaspers, et extrêmement diverses ?
J'y vois pourtant une objection : le courant existentialiste, à proprement parler, naît dans les années 1930. Le "Journal métaphysique" de Gabriel Marcel date de 1927, "la Trahison des clercs" de Benda aussi - tout comme Sein und Zeit, L'"Imaginaire", socle de "L'Etre et le Néant", paraît en 1940, ... et Sartre ne représente pas vraiment la pensée de la Résistance ! Faudrait-il donc penser que ce grand tournant philosophique s'enracine davantage dans le désarroi qui a suivi la 1e guerre mondiale ? Le surréalisme, qui produit ses patentes en 1924, pourrait le faire penser... avec Aragon, Char, Eluard au rendez-vous de l'autre guerre.

Cela conduirait à se demander si, en définitive, ce n'est pas le redoublement des turpitudes de la guerre (1914-1918 => 1939-1945) qui rend définitivement inévitable un changement des paradigmes, et le mouvement de la philosophie vers l'action politique ?

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