J'ai le sentiment que dans la compréhension de Simone Weil dans ses recherches spirituelles, vous allez très vite et très sûrement à des points essentiels.
Attente de Dieu, La pesanteur et la grâce, La connaissance surnaturelle sont des volumes intimidants pour plusieurs raisons : ils n'étaient pas destinés à la publication, et dans ses cahiers Simone Weil teste des formulations, risque des questions, tente des réponses qu'elle aurait peut-être par la suite abandonnées. En outre leur lecture a été déconnectée des oeuvres philosophiques et politiques de l'auteur. D'autres contre-sens ont entouré leur réception : on a brandi le mot "gnostique" comme une explication bienveillante ou malveillante, explication qui n'expliquait rien.
- Pour en revenir à votre première proposition, il se pourrait en effet que le thème de la kénose,
que vous pointez, soit central. L'abaissement de Dieu, dans un
mouvement que seul, l'homme dans son propre abaissement peut saisir.
D'où cette sorte d'anthropologie spirituelle que vous résumez d'une
manière très heureuse :
J'ai souvent l'impression que le ciel pour Simone Weil commence par le bas, par un abaissement de soi qui dévoile notre vrai niveau, et que c'est le mal ou l'extrême malheur qui nous contraint d'y faire face (ou leur contemplation?)
- Et votre deuxième proposition sur le "pouvoir" de l'homme, dans cet abaissement d'éprouver sa liberté ("bien mince", ajoutez-vous) de dire je, me semble également lumineuse.
- Mais, commentez-vous, ce pouvoir de dire JE lui-même, ne pourrait-il dans certaines circonstances être annihilé ? Effectivement : l'humiliation, les violences extrêmes, la torture pourraient bien arracher l'homme à sa racine. (On rêve en effet de ce que la voix de Simone Weil, retentissant au moment de la guerre d'Algérie, aurait pu signifier, si elle avait vécu.)
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