Sein und Zeit (1927) - L'Etre et le Néant (1943)
: plus de quinze années, une entreprise totalitaire, une guerre mondiale et une
entreprise de génocide séparent les deux oeuvres, toutes deux d'une
portée considérable, et dont la seconde engage la confrontation avec la
première dès l'énoncé du titre, analogue et différent. Sur cette
question ardue, je risquerais bien une parole naïve.
- Dans l'anamnèse de l'Etre, selon Sein und Zeit, il me semble que la préoccupation majeure est celle de la vérité,
en rapport avec l'oubli de l'Etre - dont on ne sait pas si c'est une
catégorie ou une esquisse de l'histoire de la pensée, je ne vois pas qu'Heidegger soit très clair là-dessus ; en rapport, notamment, aussi avec l'existentialité du souci, qui identifie la conscience comme humaine, et l'être humain comme conscience...
- Dans L'Etre et le Néant,
la trajectoire est tout autre. Il s'agit de surmonter le solipsisme de
la philosophie traditionnelle de la conscience. Non seulement il n'est
plus possible à partir de Sartre d'affecter fût-ce méthodologiquement le
doute quant à la réalité d'autrui, mais encore, autrui construit concrètement les outils qui vont révéler la conscience à elle-même.
Les notions de situation, d'engagement, ont beau rester si l'on veut très littéraires - Sartre a défini lui-même son théâtre comme un "théâtre de situation" ; il n'en reste pas moins que lorsqu'on parvient au terme d'une si longue lecture - celle que propose l'EN - on ne peut pas ne pas être saisi par la fraîcheur et la vigueur de cette figure nouvelle, et qui doit tout (ou presque tout, si l'on ne refoule pas la mémoire de Gabriel Marcel, lui-même philosophe et auteur de théâtre) à Sartre : l'être-pour-autrui.
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