lundi 2 juin 2014

Jean-Paul Sartre et son projet d' 'ontologie phénoménologique'

Désinvoltures et passions de Sartre...
  • Ce qui me frappe chez Sartre c'est un langage psychologique appuyé, qui apparaît en force dans l'Etre et le Néant, et l'accompagnera tout du long. Il a beaucoup lu, cite de nombreux psychologues...  Mais cela reste une psychologie très livresque, il me semble.
  • Plus déroutant encore, la manière dont il écarte Freud, qu'il a lu, bien sûr, mais qu'il traite apparemment comme un théoricien de salon et un mauvais philosophe. La désinvolture avec laquelle il balaie d'un revers de main la notion d'inconscient, au ch.II de l'Etre et le Néant, précisément, est stupéfiante !
  • En réalité, peu importe qu'il n'ait pas eu le désir de comprendre Freud. Peu importe qu'il manie une psychologie notionnelle. Car évidemment, son objectif est autre : esquisser une "ontologie phénoménologique", Quesaco ? Il faut s'embarquer dans la lecture de L'Etre et le néant, pour découvrir que ce monstre a un visage, un visage très humain. Comment l'individu se bat-il avec le monde, avec les autres, avec lui-même, pour s'affirmer dans une liberté radicale, malgré les déterminismes qui pèsent sur lui, en dépit ou à travers les situations (ou même grâce à elles) où il se trouve malgré lui engagé ?
  • C'était déjà le coeur de son théâtre : Les Mouches, Les Mains sales, La Putain respectueuse... Ce sera encore le thème de sa conférence de 1961 à Rome, "Qu'est-ce que la subjectivité ?", récemment publiée en français avec le débat public qui l'a suivie. Ici, le point de vue reste le même, s'il s'est un peu déplacé ; mais on remarque surtout combien le langage de la maturité s'est affiné, sans perdre rien de sa force.
Sartre mérite encore d'être lu - et comment !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire