Le volume Sources, Recueil, recueille précisément une douzaine de textes de Jankélévitch consacrés
à ses sources d'inspiration. Six d'entre eux sont consacrés à "La
conscience juive : rassembler / dissembler"
Le plus frappant, daté de
1957, s'intitule "Le judaïsme, problème intérieur". -- Que
suis-je, dans ce nous que nous sommes ? (J'interprète) Qu'est-ce qu'on
me sur-impose ici, et qui alors m'insupporte, autant que m'insupporte
l'ignorance que l'on feint, ou l'agressivité que l'on déploie, à l'égard
de ce que je suis et ne suis pas, dans ce nous que nous sommes et ne
sommes pas ?
Levinas, en regard : pour lui, la médiation est le livre. Un livre "est une modalité de notre être" (Ethique et infini, p.12). Et parmi les livres, "la Bible serait pour moi (dit-il) le livre par excellence".
Derrida évoque
paradoxalement un lien quelconque, si ténu soit-il, avec la tradition
juive grâce à la médiation de la figure du marrane, qui est avant tout
porteur de secret (un secret qu'il a pu déformer, voire oublier).
Ce
qui me semble important, c'est que chacun décrit un lien original à la
tradition juive. Chez Rosenzweig on trouverait encore autre chose, chez
Benjamin, chez Scholem, chez Buber... Et parler de la position de l'un d'eux comme
conforme à la tradition juive, ou à l'enseignement des rabbins, serait
selon moi encore trop dire. Ne serait-ce parce
que l'enseignement majeur du Talmud, c'est justement que parmi tout ce
qui doit être reçu avec respect, rien ne doit être reçu sans examen et
discussion !
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