mardi 3 juin 2014

Jankélévitch, Levinas, Derrida et judaïsme

Le volume Sources, Recueil, recueille précisément une douzaine de textes de Jankélévitch consacrés à ses sources d'inspiration. Six d'entre eux sont consacrés à "La conscience juive : rassembler / dissembler"

Le plus frappant, daté de 1957, s'intitule "Le judaïsme, problème intérieur". -- Que suis-je, dans ce nous que nous sommes ? (J'interprète) Qu'est-ce qu'on me sur-impose ici, et qui alors m'insupporte, autant que m'insupporte l'ignorance que l'on feint, ou l'agressivité que l'on déploie, à l'égard de ce que je suis et ne suis pas, dans ce nous que nous sommes et ne sommes pas ?

Levinas, en regard : pour lui, la médiation est le livre. Un livre "est une modalité de notre être" (Ethique et infini, p.12). Et parmi les livres, "la Bible serait pour moi (dit-il) le livre par excellence".

Derrida évoque paradoxalement un lien quelconque, si ténu soit-il, avec la tradition juive grâce à la médiation de la figure du marrane, qui est avant tout porteur de secret (un secret qu'il a pu déformer, voire oublier).

Ce qui me semble important, c'est que chacun décrit un lien original à la tradition juive. Chez Rosenzweig on trouverait encore autre chose, chez Benjamin, chez Scholem, chez Buber...  Et parler de la position de l'un d'eux comme conforme à la tradition juive, ou à l'enseignement des rabbins, serait selon moi encore trop dire. Ne serait-ce parce que l'enseignement majeur du Talmud, c'est justement que parmi tout ce qui doit être reçu avec respect, rien ne doit être reçu sans examen et discussion !

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