lundi 2 juin 2014

Simone Weil, quelle métaphysique ?

Au sujet de Simone Weil, il me semble que la tentation est fréquente de lui attribuer une "métaphysique chrétienne". Laquelle? celle de Thomas d'Aquin, qui renvoie à Aristote ? Celle d'Augustin, qui renvoie davantage encore à Cicéron qu'à Plotin ? Celle de Newmann ? de Blondel ? d'Unamuno ? de Zubiri ? La métaphysique de Simone Weil est d'abord largement platonicienne ou néoplatonicienne, et nombre de ses représentations doivent beaucoup plus à Plotin ou Proclus, semble-t-il, qu'à Paul de Tarse ou même  à Clément d'Alexandrie.

Qu'ensuite Simone Weil soit sensible au drame christique, au point que cette figure lui apparaisse comme un paradygme de l'homme accablé par les souffrances que lui inflige l'homme, cela n'est pas douteux. Elle a d'ailleurs ce point en commun avec Albert Camus, bien que les deux penseurs s'y réfèrent différemment. Mais il faut remarquer que c'est un thème littéraire qui traverse largement l'époque (Bernanos, Greene, Pérez Galdos...)

Et il faut remarquer surtout que ni Weil ni Camus ne font descendre les exigences de la vie morale d'un ciel des valeurs - ce qui est particulièrement remarquable à propos du catalogue des besoins de l'homme qu'esquisse L'enracinement... dont Homère est l'une des sources les plus explicites d'inspiration. Quelle que soit la proximité avec l'évangile où se sent personnellement Simone Weil, à aucun moment elle ne va puiser directement dans la Bible ou d'autres ouvrages juifs ou chrétiens aucun des éléments de sa construction philosophique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire