mercredi 3 février 2016

La laïcité, son sens, ses compréhensions


Intéressant, lorsque se développe publiquement un débat, de clarifier le sens des notions. C'est ainsi que Alain Policar réagit par une mise au point, dans le Huffington Post du 25 janvier 2016, à la polémique entourant début 2016 la pratique de l'Observatoire de la laïcité. Selon lui, l'intention de la loi de laïcité de 1905, qui est le cœur du projet laïc, est d' "établir la paix religieuse par la liberté  des Églises et par l'autonomie politique par rapport au religieux."

Trois formes ou aspects de la la laïcité


La "laïcité d'émancipation", celle qui promeut "la liberté de penser, celle de croire et surtout de ne pas croire" n'est pas l'ossature de cette loi, elle en dérive seulement. L'importance de cette conséquence n'est pas à minimiser, mais si elle en vient à supplanter et à faire oublier le cœur même de la loi, qui est la paix civile, elle tend alors prêter au projet républicain un point de vue en surplomb, une doctrine absolue, sorte de "religion civile" permettant de juger toute forme de croyance et d'appartenance.
La laïcité peut être également d'abstention, "privilégiant d'idée d'inaliénabilité de la liberté de conscience et de la neutralité de l’État, qui implique son incompétence dans le domaine de la religion. Elle peut aussi être de coopération, en promouvant la liberté religieuse et ainsi en institutionnalisant le dialogue entre religions et pouvoirs publics.

La mise en oeuvre de la laïcité en France, selon Alain Policar, oscille en permanence entre ces trois formes.

Prééminence de l'auto-émancipation rationnelle


La configuration la plus inconfortable pour la paix civile est l'émergence d'une laïcité de combat, qui tente périodiquement de supplanter toute autre compréhension. En tentant d'éliminer de la société civile tout signe d'appartenance, on estime éliminer alors non seulement le symbole, mais la réalité supposée d'assujettissements patriarcaux, sans s'inquiétet si cela est perçu de la sorte par les personnes intéressées.

Or l'essentiel n'est-il pas d'éduquer les personnes à une auto-émancipation rationnelle, qui est au cœur du projet républicain ? L'autonomie du citoyen doit être considérée en effet comme un "outil", comme "une des ressources essentielles à la non-domination".
Ce qui compte avant tout, c'est la capacité pour le sujet de mettre en cause ses engagements, ses croyances et ses liens affectifs. Libre à lui d'user ou non de cette capacité.

L'obligation de neutralité s'impose à l’État et à ses représentants, mais elle ne peut être retournée à l'encontre de la société civile et de ses membres. Au contraire, la possibilité de l'émergence de  débats dans la société civile est essentielle au projet républicain. Contraire à la loi, l'idée dune "laïcité répressive... constitue une perversion de sa nature et de ses fondements."
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  • "Le sens de la laïcité", article d'Alain Policar : Lien
  • Alain Policar dans Wikipédia : Lien

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