Esprit note un autre point d'importance à cette occasion, l'émergence d'une parole politique. Qui peut et doit accueillir quels effectifs et à quels coût, ce sont en effet des considérations qu'on attend des responsables politiques nationaux, que la timidité risque fort d'envahir. Et le texte d'enchaîner :
Pourquoi ne pas dire clairement que l’Europe ne peut se couper de son voisinage proche, dont font partie des régions en guerre comme la Syrie et même l’Irak ? Les flux d’arrivants n’auraient pas dû nous surprendre : l’effondrement de la Syrie était programmé par la lutte à mort du régime de Bachar el Assad pour sa survie. L’inertie européenne n’a aucune chance de limiter le flux de civils fuyant la guerre. Plus grave : les cinq millions de réfugiés syriens au Liban, en Jordanie et en Turquie deviennent une arme de chantage politique régional. Une déstabilisation de ces pays ne manquerait pas d’avoir un effet en retour sur l’Europe. Il est donc illusoire de croire que l’Europe peut se retrancher derrière des murs et se désintéresser de la violence qui touche la population syrienne.
Et Esprit de conclure, invoquant sur la notion d'hospitalité la grande figure de Paul Ricoeur,
Ne nous limitons [...] pas au débat juridique ou à la dénonciation trompeuse de l’Europe de Schengen : c’est notre sentiment de faire monde commun avec ceux qui sont frappés par la violence et la guerre qui est mis à l’épreuve dans le drame des réfugiés.
Lire "La condition de réfugié", éditorial d'Esprit d'octobre 2015 : Lien
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