Le thème de la promesse n'est pas fréquent dans l’œuvre de Friedrich Nietzsche. Mais lorsqu'il apparaît, il signale quelque chose d'extraordinaire, à un niveau de compréhension supérieur.
Aurore (1881)
Dans Aurore, la promesse intervient comme l'indication d'un plus du langage, d'un niveau de l'esprit qui dépasse la parole, et que seul le silence serait à même de signifier :
Comment l'on promet le mieux. - Lorsque l'on fait une promesse, ce n'est pas la parole qui promet, mais ce qu'il y a d'inexprimé derrière la parole. Les mots affaiblissent même une promesse en déchargeant et en usant une force, qui est une partie de cette force qui promet. Faites-vous donc donner la main en mettant un doigt sur la bouche, - c'est ainsi que vous faites les vœux les plus sûrs. [fragment 350, trad. Albert & Lacoste]
Ecce Homo (1888)
Dans Ecce Homo, qui répond à Aurore comme se répondraient les deux rives d'une mer qui figurerait l’œuvre, Nietzsche reprend le thème de la promesse d'un tout autre point de vue. Dans cette partie intitulée "Pourquoi j'écris de si bons livres" - une revue critique de son œuvre analogue aux Retractationes d'Augustin -, il situe notamment son point de vue présent sur ses Considérations inactuelles (1873-1876) :
Ce que je suis aujourd'hui, où je suis aujourd'hui - une hauteur où je ne parle plus avec des mots, mais avec des éclairs -, ô combien loin j'en étais alors encore ! - Mais je voyais la terre... je ne me trompais pas un seul instant sur la route qui restait à parcourir, sur l'état de la mer, sur les dangers - et le succès ! [trad. Albert & Lacoste, §3]
Il y a un grand calme dans la promesse, une heureuse perspective sur un avenir qui ne doit pas rester une vaine promesse !! - Ici, chaque mot est vécu, profondément, intimement..Les Promesses de l’œuvre : il conviendrait maintenant pour prolonger ces notes trop rapides d'ouvrir l'ouvrage de Jean-Michel Rey portant ce titre, et qui s'intéresse notamment à Nietzsche....
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