Dans l'espoir de progresser dans la compréhension de la violence, la philosophie ne peut négliger la littérature, que celle-ci se fasse roman, théâtre ou essai. Et surtout pas quand s'amorce comme ici une réflexion offerte à un vaste public, ouvrant, sur la base d'observations et de faits vécus, un large espace à la pensée.
Lorsque Amin Maalouf publie chez Grasset, en 1998, Les Identités meurtrières, il a déjà donné à lire plusieurs romans et un premier essai remarquable, Les Croisades vues par les Arabes, 1983, aux éditions Jean-Claude Lattès,
Le plaidoyer d'Amin Maalouf dans Les Identités meurtrières est généreux. Il écrit :
Il faudrait faire en sorte que personne ne se sente exclu de la civilisation commune qui est en train de naître, que chacun puisse y retrouver sa langue identitaire, et certains symboles de sa culture propre, que chacun, là encore, puisse s'identifier, ne serait-ce qu'un peu, à ce qu'il voit émerger dans le monde qui l'entoure, au lieu de chercher refuge dans un passé idéalisé. Parallèlement, chacun devrait pouvoir inclure dans ce qu'il estime être son identité, une composante nouvelle, appelée à prendre de plus en plus d'importance au cours du nouveau siècle, du nouveau millénaire : le sentiment d'appartenir aussi à l'aventure humaine.
On voit qu'il ne s'agit pas pour Amin Maalouf d'introduire chacun à la philosophie, mais de l'y disposer peut-être, de l'orienter à partir d'observations empiriques, en vue de fins pratiques, où la violence ne pourrait plus invoquer quelque instance naturelle ou surnaturelle que ce soit pour se fonder en nécessité. Dans cette entreprise, s'est-il souvenu d'avoir lu Race et Histoire, de Claude Lévi-Strauss ? Il est permis de le penser.
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