mardi 3 juin 2014

Gilles Deleuze et la répétition, de Freud à Héraclite, en passant par Nietzsche et Kierkegaard


La question de la répétition chez Gilles Deleuze m'intrigue passablement.
  • Il me semble que Freud d'une part, comme dit Chantal, s'intéresse fortement à la répétition comme symptôme névrotique, mais d'autre part la reconnaît aussi dans des processus de jouissance, principalement chez l'enfant (Au-delà du principe de plaisir). Irait-il jusqu'à parler d'ambivalence à son propos ? Mais je n'ai pas lu ce livre de Freud de 1914 qu'on me signale, Remémoration, répétition et perlaboration ...
  • Søren Kierkegaard consacre un livre à La Répétition (Gjentagelsen), plutôt que la Reprise (Inddrivelse), sous-titré Un essai de psychologie expérimentale. La répétition est la vie-même : "La répétition est une épouse aimée dont on ne se lasse jamais" ; "Qui veut la répétition est un homme." "Si l'on a choisi la répétition, alors on vit." Et plus proche sans doute des préoccupations de Deleuze : "Le monde est une réalité qui subsiste et dure du fait qu'il est une répétition. La répétition : voilà la réalité et le sérieux de la vie. Celui qui veut la répétition a mûri dans le sérieux." (p.17)
  • Nietzsche : "L'éternel sablier de l'existence sera retourné toujours à nouveau".. Il y a fort à parier que Deleuze a Nietzsche à l'esprit, autant dans son anti-humanisme vigoureux ("Lhomme est quelque chose qui doit être surmonté") que dans cette appréhension du retour comme définissant et structurant le temps. On est alors dans une compréhension hindouiste du temps, devenu simplement l'équivalent d'un présent, d'un lieu, le lieu de la manifestation.
  •  Et puis Héraclite, me souffle-t-on : bien sûr !
    - L' Héraclite de Nietzsche :"Je mets à part, avec un grand respect, le nom d'Héraclite."
    - L'Héraclite de Heidegger et de Fink, qui vient conférer un nouvel éclat à la phénoménologie.
    - L'Héraclite de René Char : ""Héraclite est, de tous, celui qui, se refusant à morceler la prodigieuse question, l'a conduite aux gestes, à l'intelligence et aux habitudes de l'homme sans en atténuer le feu"...
Deleuze, prodigieux lecteur ! Et pourtant, n'est-ce pas Hegel qui occuperait toutes les pensées ? Hegel, pour qui toute négation est puissance de recouvrement du même, sublimé. Deleuze tendant à montrer que ce n'est pas le même qui se répète, c'est la différence ?

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